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Florianópolis : 42 plages pour un paradis insulaire

Florianópolis – Îles et plages de Santa Catarina : Quand le Brésil surprend par sa douceur européenne

Alors là, j’avoue que j’avais tout faux sur Florianópolis… En débarquant à l’aéroport Hercílio Luz en mars 2024, je m’attendais à retrouver cette énergie urbaine brésilienne que j’avais connue à Rio ou São Paulo. Sauf qu’en prenant la route vers le centre, je me suis retrouvé face à des panneaux en allemand dans certains quartiers. Genre, vraiment ? J’ai d’abord pensé à une blague, puis j’ai réalisé que j’étais en train de découvrir quelque chose de complètement différent.

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Cette première impression, c’était un mélange bizarre entre la Côte d’Azur et… bon, j’allais dire les fjords norvégiens, mais c’est peut-être exagéré. Vous voyez l’idée quand même : cette sensation d’être dans un Brésil qui ne ressemble pas du tout à l’image qu’on s’en fait. Les maisons colorées, cette douceur dans l’architecture, même l’accent local qui tranche avec le portugais que j’avais appris.

Florianópolis, c’est la capitale de Santa Catarina, cet État qu’on situe mal entre São Paulo et l’Argentine. L’île magique, comme ils l’appellent – et franchement, après y avoir passé trois semaines, je comprends pourquoi ce surnom colle parfaitement. Mais attention, première leçon apprise à mes dépens : ne faites pas comme moi en pensant que c’est « juste au sud de São Paulo ». J’avais prévu 4h de route, j’en ai fait 7. Google Maps et les distances brésiliennes, c’est toute une histoire…

L’héritage açorien qui déroute (et qui explique tout)

En me baladant dans le centre historique de Floripa, j’ai eu cette sensation étrange de déjà-vu. Ces maisons aux façades colorées, ces balcons en fer forgé, cette organisation urbaine… ça me rappelait plus Aveiro au Portugal que Copacabana. Et pour cause : l’influence des Açores est partout ici, héritée des colons portugais qui se sont installés au XVIIIe siècle.

Ce qui m’a le plus marqué, c’est cette découverte de la dentelle de bilros. En flânant au marché public, je suis tombé sur des femmes âgées qui travaillaient cette dentelle avec une dextérité incroyable. La dame qui m’a expliqué la technique, Dona Maria, m’a raconté que sa grand-mère avait appris ça des Açoriennes. « En fait, on cherche la samba et on trouve le folklore européen… », je me suis dit en regardant ces mains expertes.

Les marchés aux poissons aussi racontent cette histoire. À Ribeirão da Ilha, j’ai assisté à la criée matinale, et là encore, cette organisation, ces techniques de conservation, tout ça vient directement des traditions açoriennes. Il y a cette douceur de vivre qui tranche complètement avec l’image qu’on peut avoir du Brésil urbain. Les gens prennent le temps, discutent, il y a moins cette course effrénée qu’on ressent dans les grandes métropoles.

Mais attention, cette spécificité culturelle pose aussi des questions contemporaines. En 2024, Floripa fait face à un dilemme classique : comment préserver cette identité face à la gentrification galopante ? Dans le quartier de Santo Antônio de Lisboa, j’ai rencontré des familles açoriennes de quatrième génération qui voient leurs maisons familiales transformées en restaurants chics. C’est beau pour nous touristes, mais ça pose des questions sur l’authenticité de ce qu’on visite.

Nord vs Sud de l’île : choisir son camp (ou pas)

Alors, disons que le nord, c’est… En fait, non, laissez-moi reprendre. J’avais commencé par critiquer le côté artificiel du nord de l’île, mais après trois semaines sur place, je me rends compte que c’est plus nuancé que ça.

Le Nord – Entre sophistication et artifice

Jurerê Internacional, c’est Miami Beach version brésilienne. Les beach clubs, les parasols alignés au millimètre, cette ambiance « international » qui peut agacer ou séduire selon ce qu’on cherche. Personnellement, j’ai d’abord été rebuté par ce côté trop léché, puis j’ai fini par apprécier l’efficacité du système.

Le phénomène le plus fascinant, c’est l’invasion argentine de décembre à mars. À Canasvieiras, on entend plus l’espagnol que le portugais. Ces familles de Buenos Aires qui viennent passer leurs vacances d’été ici depuis des générations, ça crée une ambiance particulière. J’ai sympathisé avec Carlos, un porteño qui vient depuis quinze ans : « Pour nous, c’est plus proche et moins cher que Mar del Plata », m’a-t-il expliqué en sirotant un caipirinha.

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Niveau prix, c’est là que ça se complique. De décembre à mars, les tarifs explosent littéralement. Un restaurant où j’avais payé 25 reais un poisson grillé en avril me demandait 65 reais en janvier. L’astuce que m’a filée un local : le « meio período ». Au lieu de louer à la journée, on négocie la demi-journée. Ça marche pour les transats, les parasols, même certains restos. On évite la foule du midi et on économise.

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Le Sud – L’authenticité qui se mérite

Armação, c’est un autre monde. Ici, les pêcheurs cohabitent encore avec les surfeurs, et cette cohabitation fonctionne plutôt bien. J’ai logé chez Seu João, un pêcheur qui loue deux chambres dans sa maison. Le matin, je le voyais partir avec sa barque, le soir on partageait la pêche du jour. Cette simplicité, cette authenticité, ça n’a pas de prix.

Mais alors, galère monumentale pour trouver du WiFi correct à Pântano do Sul ! Si vous comptez télétravailler depuis le sud de l’île, prévoyez un forfait international costaud. J’ai passé deux jours à chercher un signal décent pour envoyer un article. Finalement, c’est au petit restaurant de Dona Lurdes que j’ai trouvé la connexion la plus stable.

Lagoinha do Leste, c’est le spot qui justifie à lui seul le voyage dans le sud. Cette plage accessible uniquement à pied après 45 minutes de rando, c’est le genre d’endroit qui vaut tous les Instagram du monde. Mais attention aux précautions : le sentier peut être glissant après la pluie, et il n’y a aucun secours sur place. Toujours prévenir quelqu’un de votre itinéraire.

Bon, je critique le nord, mais en fait… Les deux zones ont leurs avantages. Le nord pour le confort et les services, le sud pour l’authenticité et la nature. L’erreur, c’est de vouloir absolument choisir un camp. Moi, j’ai fini par faire du yo-yo entre les deux selon mes envies du moment.

Les plages secrètes (enfin, plus tellement…)

Ces plages « secrètes » qu’on trouve sur tous les blogs… Bon, soyons honnêtes, à l’ère d’Instagram et des influenceurs voyage, le concept de plage secrète a pris un sacré coup. Mais il reste encore quelques spots où l’on peut avoir cette sensation de découverte, à condition de s’y prendre intelligemment.

Praia da Galheta, c’est le spot naturiste officieux de l’île. Attention, il y a des codes à connaître : la partie nord est plutôt familiale, la partie sud plus… libérée. J’ai failli faire un impair monumental en m’installant au mauvais endroit avec mon appareil photo. Heureusement, un habitué m’a discrètement fait comprendre ma bévue.

L’accès se fait par un sentier depuis Mole, et là j’ai une anecdote : j’ai failli louper le départ du sentier parce qu’il est vraiment discret. C’est juste après le parking de Mole, sur la droite quand on regarde la mer. Pas de panneau, juste un petit chemin qui s’enfonce dans la végétation. Comptez 20 minutes de marche.

Naufragados, au bout de l’île, reste relativement préservée parce qu’accessible uniquement à pied. Depuis Caieira da Barra do Sul, il faut marcher 40 minutes sur un sentier côtier. Le truc, c’est de partir tôt le matin, vers 6h. Non seulement vous évitez la chaleur, mais vous avez cette lumière incroyable pour les photos, et surtout, vous êtes quasiment seuls.

Mais ça soulève une question éthique : faut-il vraiment partager ces spots sur les réseaux sociaux ? J’ai longtemps hésité avant de publier mes photos de Naufragados. Finalement, j’ai opté pour une approche responsable : partager la beauté sans donner les détails d’accès précis. C’est un équilibre délicat entre le partage et la préservation.

Il y a d’ailleurs des initiatives locales qu’on peut soutenir. L’association « Preserva Floripa » organise des nettoyages de plages et sensibilise au tourisme responsable. Participer à une de leurs actions, c’est une façon de donner en retour.

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L’astuce que m’a filée Zé, un pêcheur de Barra da Lagoa : pour connaître les conditions de mer et savoir si ça vaut le coup de se déplacer, rien ne vaut l’avis des locaux. Ils connaissent les courants, les marées, les vents. Et souvent, ils peuvent vous emmener en bateau pour quelques reais, ce qui évite la marche et permet d’accéder à des criques vraiment isolées.

Gastronomie : quand l’océan rencontre l’immigration

Cette séquoia dégustée les pieds dans l’eau à Ribeirão da Ilha… Enfin, séquoia, on dit plutôt « ostra » tout court, mais bon, vous me suivez. Cette huître locale, plus petite que nos Marennes d’Oléron mais avec un goût iodé incroyable, c’était ma première vraie découverte culinaire à Floripa.

La berbigão, cette petite coque locale, raconte toute l’histoire de l’île. Dans les restaurants familiaux de Santo Antônio de Lisboa, on vous la sert en risotto ou simplement grillée avec de l’ail. Dona Carmen, qui tient une petite peixaria depuis trente ans, m’a expliqué que sa grand-mère récoltait déjà ces coques dans la même baie. « C’est notre histoire dans une coquille », elle m’a dit.

Ma première tainha grillée, ça restera un souvenir. Ce poisson local, grillé entier sur des braises de charbon, avec cette technique de cuisson que j’ai vue nulle part ailleurs : ils l’enveloppent dans des feuilles de bananier humides. Ça donne cette chair fondante avec un petit goût fumé subtil. À Armação, chez Seu Manoel, c’est un art.

Ce qui m’a surpris, c’est l’influence allemande dans la pâtisserie. À Pomerode, pas loin de Floripa, j’ai mangé un Apfelstrudel qui n’avait rien à envier à ceux de Vienne. Cette immigration allemande du XIXe siècle a laissé des traces gustatives inattendues. Dans certaines confeitarias du centre, on trouve encore ces gâteaux aux pommes et ces bretzels qui détonnent complètement.

Pour les adresses, j’ai longtemps hésité entre Box 32, ce resto branché de Jurerê, et les petites peixarias familiales. Box 32, c’est sûr, c’est bon, c’est beau, mais ça coûte un bras et c’est calibré pour les touristes. Les petites peixarias, c’est plus authentique, moins cher, mais parfois la qualité n’est pas au rendez-vous. Mon compromis : le « prato feito » dans les restaurants de plage. Un plat complet avec poisson, riz, haricots et farofa pour 15-20 reais, et souvent c’est délicieux.

Côté responsable, j’ai découvert les coopératives de pêcheurs qui vendent direct. À Lagoa da Conceição, la coopérative propose du poisson pêché le matin même. C’est moins cher qu’au marché, et on soutient directement les pêcheurs locaux. Comprendre les enjeux de la pêche artisanale face à la pêche industrielle, ça donne une autre dimension au voyage.

Aspects pratiques : ce qu’on ne vous dit pas ailleurs

Le transport en commun à Floripa, c’est… comment dire… une aventure. Google Maps fonctionne de manière très aléatoire avec les bus urbains. J’ai attendu 45 minutes un bus qui n’est jamais passé parce que l’horaire avait changé sans mise à jour de l’app. La solution : télécharger l’app locale « Moovit Floripa » et croiser les infos avec les panneaux aux arrêts.

Louer une voiture change complètement la donne, mais ça a ses inconvénients. D’abord, le prix : en haute saison, comptez minimum 80 reais par jour pour une Gol basique. Ensuite, le stationnement : dans le centre et sur les plages populaires, c’est un cauchemar. J’ai payé plus d’amendes que de parking légal. L’astuce : les parkings des centres commerciaux sont souvent gratuits les trois premières heures.

Le système de vélos partagés « Bike Floripa » est génial sur le papier, compliqué en pratique. Les bornes tombent souvent en panne, et le GPS intégré vous envoie parfois dans des culs-de-sac. Mais pour les trajets courts dans le centre, ça reste pratique et écologique.

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Pour l’hébergement, j’ai fait l’erreur classique de réserver dans le centre historique en pensant être bien placé. Résultat : 45 minutes pour rejoindre les plages, et les bus s’arrêtent tôt le soir. Les pousadas familiales qui ne sont sur aucune plateforme, c’est souvent le bon plan. Demandez aux locaux, passez par le bouche-à-oreille. J’ai trouvé ma meilleure adresse comme ça : chez Dona Sônia à Campeche, 40 reais la nuit, petit-déjeuner inclus et conseils locaux gratuits.

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Pour les longs séjours, la technique de négociation marche bien. À partir d’une semaine, proposez 70% du tarif affiché. Ça marche dans 8 cas sur 10, surtout en basse saison.

Le WiFi, c’est la loterie selon les zones. Dans le centre et le nord, ça va. Dans le sud et les plages isolées, prévoyez un forfait international. Mon conseil : Orange Monde ou SFR World, ça marche bien au Brésil. Et téléchargez Maps.me avec les cartes offline, ça sauve des vies quand le réseau lâche.

Question timing, avril-mai peut être plus intéressant que janvier. Moins de monde, prix divisés par deux, et la météo reste excellente. Le seul bémol : l’eau est un peu plus fraîche, mais avec 22-24°C, ça reste largement baignable pour nous Européens.

Les weekends brésiliens, c’est un piège. Ces embouteillages qu’on n’imagine pas pour sortir de l’île le dimanche soir… J’ai mis 3h pour faire Floripa-aéroport un dimanche de février. Depuis, je planifie mes déplacements en semaine.

Floripa, cette leçon de géographie humaine

En écrivant ces lignes, je réalise que Florianópolis m’a surtout appris une chose : l’erreur qu’on fait souvent en voulant faire du Brésil un pays uniforme. Cette île, avec son héritage açorien, sa douceur européenne, ses influences multiples, elle raconte une autre histoire du Brésil. Une histoire faite de migrations, d’adaptations, de mélanges culturels qui créent quelque chose d’unique.

Ce que j’ai découvert ici, c’est un Brésil qui ne rentre dans aucune case. Ni le Brésil festif de Rio, ni le Brésil industriel de São Paulo, ni le Brésil rural de l’intérieur. Floripa, c’est un laboratoire culturel où l’Europe et l’Amérique du Sud se mélangent de façon harmonieuse.

Pour qui Florianópolis vaut vraiment le détour ? Pour les voyageurs curieux qui aiment sortir des sentiers battus, pour ceux qui cherchent cette authenticité sans sacrifier le confort, pour les amoureux de nature qui veulent aussi un peu de culture. Par contre, si vous cherchez l’ambiance carnaval et la samba, vous risquez d’être déçus. Floripa, c’est plus subtil, plus nuancé.

Les enjeux futurs de l’île face au tourisme de masse me préoccupent. En 2024, on sent déjà la pression sur les infrastructures, sur l’environnement, sur cette identité culturelle si particulière. Comment être un voyageur responsable à Floripa ? En choisissant les hébergements locaux plutôt que les chaînes, en participant aux initiatives de préservation, en respectant les sites naturels, en apprenant quelques mots de portugais pour échanger avec les locaux.

Cette île magique mérite qu’on la découvre avec respect et curiosité. Elle a encore beaucoup à nous apprendre sur la diversité brésilienne, sur la richesse des mélanges culturels, sur cette capacité qu’ont certains endroits à nous surprendre et à dépasser nos a priori géographiques.


À propos de l’auteur : Louis est un créateur de contenu passionné avec des années d’expérience. Suivez pour plus de contenu de qualité et d’informations.

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