Santarém : Rencontre magique entre Tapajós et Amazone
Réveil brutal à 5h30 dans l’avion, café qui ressemble plus à de l’eau chaude teintée qu’à une boisson civilisée. Mais franchement, j’étais tellement excité que j’aurais pu boire n’importe quoi. Depuis le hublot, j’apercevais déjà cette fameuse confluence dont tout le monde parle – enfin, j’espérais que c’était ça, parce que ma photo prise à travers la vitre était complètement floue.
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Je dois l’avouer, ce voyage à Santarém était complètement impulsif. Tout a commencé par une vidéo TikTok (oui, je sais, pas très original) qui montrait cette rencontre spectaculaire entre les eaux du Tapajós et de l’Amazone. Le genre de truc qui vous donne envie de tout plaquer et de partir immédiatement. Sauf que moi, j’ai vraiment tout plaqué. Enfin, presque.
Franchement, je me demandais si j’avais pas été un peu trop impulsif en réservant ce vol la veille pour le lendemain. Mais bon, parfois il faut savoir écouter ses élans, non ? Et puis, 2025 c’est l’année où j’ai décidé d’arrêter de reporter mes envies de voyage. La vie est trop courte pour attendre le moment parfait.
Premiers pas à Santarém – Entre excitation et réalité
L’aéroport de Santarém, comment dire… disons que c’est authentique. Pas de wifi, évidemment. Ma batterie affichait 23% et je commençais déjà à paniquer comme un vrai citadin moderne. Premier réflexe : chercher une prise électrique. Deuxième réflexe : réaliser que j’avais oublié mon adaptateur universel dans ma valise en soute.
Pour le transport vers le centre, j’avais le choix entre négocier avec un taxi local ou tenter ma chance avec Uber. Spoiler alert : Uber a gagné, mais après 15 minutes d’attente sous un soleil de plomb. Le chauffeur, sympa comme tout, m’a expliqué en portugais mélangé d’anglais que les taxis traditionnels n’aimaient pas trop la concurrence. J’ai hoché la tête en faisant semblant de tout comprendre.
C’est dans ce même taxi que j’ai réalisé ma deuxième bourde : je n’avais pas réservé d’hébergement. Là, frénésie totale sur Booking.com pendant que le chauffeur naviguait dans les rues de Santarém. Heureusement que le trajet durait 20 minutes, ça m’a laissé le temps de trouver quelque chose. Enfin, « quelque chose »… l’hôtel n’avait absolument rien à voir avec les photos de la plateforme. La chambre était propre, certes, mais disons que le « vue sur fleuve » était plutôt une « vue sur parking avec un bout de fleuve au loin si on se penche vraiment ».
Bon, on s’adapte. C’est ça aussi l’aventure, non ?
Ma première exploration du centre historique a été… chaotique. Google Maps semblait avoir des idées très personnelles sur la géographie locale. Il m’a envoyé dans une rue qui, apparemment, n’existait plus depuis la dernière mise à jour de 2018. J’ai erré comme un touriste perdu (ce que j’étais) pendant une bonne demi-heure avant de croiser Dona Maria.
Dona Maria, c’est le genre de personne qui vous donne des conseils sans qu’on lui demande, mais des conseils en or. Elle vendait des fruits sur un petit stand et, voyant ma tête de touriste désemparé, elle a commencé à me parler en portugais rapide. J’ai compris environ un mot sur trois, mais son sourire était universel. Elle m’a indiqué la direction du port d’un geste énergique et m’a offert une tranche de mangue. Première vraie connexion humaine du voyage.
L’architecture de Santarém, c’est un mélange fascinant entre colonial portugais et modernité brésilienne. Mes tentatives de photos Instagram étaient ratées – trop de contraste, mauvais angle, touristes dans le cadre – mais peu importe. Parfois, il faut juste accepter que certains moments ne sont pas faits pour être partagés sur les réseaux.
La confluence mythique – Plus complexe que prévu
Bon, parlons du fameux « Encontro das Águas ». J’avais vu tellement de photos spectaculaires que j’attendais un truc genre « wow instantané ». La réalité ? « Attendez, je pensais que c’était plus… dramatique ? » Voilà ce que je me suis dit en arrivant au premier point d’observation.
Il faut savoir que la confluence n’est pas visible de partout. J’ai fait trois tentatives et marché environ 2 kilomètres sous 35°C avant de trouver LE bon spot. Le truc, c’est que ça dépend énormément de la lumière, de la saison, et même de l’heure. Le matin, c’est joli mais pas spectaculaire. C’est vraiment en fin d’après-midi, vers 16h-17h, que la magie opère.
Pour comprendre le phénomène, j’ai dû faire mes recherches (merci Google). En gros, les eaux du Tapajós sont plus claires et moins chargées en sédiments que celles de l’Amazone. Elles ont aussi des températures et des densités différentes, ce qui fait qu’elles ne se mélangent pas immédiatement. Le résultat ? Cette ligne de démarcation visible qui peut s’étendre sur plusieurs kilomètres.
Quand la lumière de fin d’après-midi a commencé à jouer sur l’eau, là j’ai compris pourquoi tout le monde en parle. C’est vraiment magique. D’un côté, l’eau brune et chargée de l’Amazone, de l’autre, le bleu-vert cristallin du Tapajós. Et cette frontière liquide qui serpente entre les deux. Aucune photo ne peut vraiment rendre justice à ce spectacle.
L’excursion bateau – L’incontournable
Évidemment, voir la confluence depuis la terre c’est bien, mais depuis l’eau c’est mieux. J’ai fait le tour de quatre agences différentes pour comparer les prix et les prestations. Vous n’aurez pas à le faire, je vous donne le résumé :

- Agence 1 : 120 reais, bateau bondé, guide qui parle fort dans un micro crachotant
- Agence 2 : 80 reais, pas de guide, juste le transport
- Agence 3 : 150 reais, petit groupe, guide bilingue, collations incluses
- Agence 4 : 100 reais, compromis correct entre prix et qualité
J’ai choisi la troisième option. Parfois, il vaut mieux payer un peu plus pour une expérience de qualité. Le groupe était limité à 12 personnes, le guide parlait français (miracle !), et on avait des fruits frais et de l’eau à volonté.
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Le capitaine João, la soixantaine bien tassée, nous a raconté des histoires sur la région. Certaines vraies, d’autres… disons qu’il avait le sens du spectacle. Mais peu importe, c’était divertissant et authentique.
Depuis le bateau, la confluence prend une toute autre dimension. On navigue littéralement entre deux mondes aquatiques différents. L’eau change de couleur sous la coque, les sons changent aussi – c’est subtil mais perceptible. Et puis il y a cette sensation étrange d’être au centre de quelque chose de plus grand que soi.
Conseils pratiques pour l’excursion
Le timing optimal, c’est 15h30. Assez tard pour avoir la belle lumière, assez tôt pour éviter les orages de fin d’après-midi qui sont fréquents en cette saison. J’ai testé une sortie matinale aussi : c’est joli mais moins impressionnant.
Pour la négociation, voici mes techniques testées :
– Demander le prix pour plusieurs personnes même si vous êtes seul (ils font souvent un effort)
– Comparer ouvertement les offres (mais poliment)
– Négocier les extras : eau, collations, durée de l’excursion
Mon échec : j’ai essayé de négocier en anglais avec un geste de la main très français. Le mec m’a regardé comme si j’étais fou. Leçon apprise : un sourire et quelques mots de portugais valent mieux que tous les gestes du monde.
Côté sécurité, les bateaux sont généralement en bon état, mais vérifiez qu’il y ait des gilets de sauvetage pour tout le monde. Et prenez de la crème solaire, beaucoup de crème solaire. La réverbération sur l’eau, ça ne pardonne pas.
Exploration urbaine – Santarém au-delà de la confluence
Le Mercado 2000, c’est l’expérience sensorielle totale. Dès qu’on y entre, c’est la surcharge complète : odeurs de poissons frais, fruits tropicaux, épices, cris des vendeurs, musique qui sort de partout. Au début, c’est presque trop. Puis on s’habitue et on commence à apprécier ce chaos organisé.
Mes trois coups de cœur culinaires :
1. Les açaí bowls : rien à voir avec les versions édulcorées qu’on trouve en Europe
2. Le tucumã : un fruit local que je ne connaissais pas, goût entre la châtaigne et l’avocat
3. Le poisson grillé au stand de Seu Carlos : simple, frais, parfait
Mon erreur digestive : j’ai voulu goûter un plat épicé sans demander le niveau de piment. Résultat : une nuit compliquée et un nouveau respect pour la cuisine locale.
Quand on ne parle pas parfaitement portugais (mon cas), les interactions peuvent être… créatives. Beaucoup de gestes, quelques mots d’anglais par-ci par-là, et surtout beaucoup de sourires. Les gens sont patients et bienveillants, même quand on massacre leur langue.
Pour négocier au marché sans offenser, la règle d’or : toujours sourire et montrer du respect. J’ai vu des touristes essayer de diviser les prix par deux avec arrogance. Ça ne marche pas et ça met tout le monde mal à l’aise. Une négociation douce et respectueuse, c’est plus efficace et plus sympa pour tout le monde.
Le soir, Santarém change complètement de visage. Le waterfront s’anime, les bars sortent leurs tables sur les trottoirs, la musique commence à résonner. J’ai découvert deux endroits authentiques : le Bar do Porto (ambiance locale, bière fraîche, conversations spontanées) et le Flutuante (littéralement un bar flottant sur le fleuve, magique au coucher du soleil).
Côté sécurité nocturne, les règles classiques s’appliquent : éviter de montrer des objets de valeur, rester dans les zones animées, faire confiance à son instinct. J’ai toujours eu l’habitude de laisser mon appareil photo à l’hôtel le soir et de ne prendre que mon téléphone avec une coque discrète.
Bon, là j’avoue, vers le troisième jour je commençais à saturer un peu. Le rythme tropical, c’est différent du rythme urbain auquel je suis habitué. Il faut s’adapter, accepter que tout ne se passe pas forcément comme prévu, et parfois juste… ralentir.
Immersion culturelle et naturelle
J’avais initialement prévu de faire une visite organisée dans les communautés riveraines, mais j’ai changé d’avis sur place. Les tours organisés, c’est pratique mais parfois un peu artificiel. J’ai préféré prendre un bateau local et voir où ça me menait.
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Cette décision m’a mené à des questionnements en temps réel sur l’éthique du tourisme. Est-ce que ma présence dérange ? Est-ce que je contribue positivement à l’économie locale ou est-ce que je ne fais que satisfaire ma curiosité ? Ces questions n’ont pas de réponses simples, mais il faut se les poser.
J’ai eu la chance de partager un repas avec une famille de pêcheurs. Pas de langue commune, mais la générosité et la curiosité mutuelle ont suffi. Ils m’ont montré leurs techniques de pêche, j’ai partagé mes photos de France sur mon téléphone. Moments de connexion vraie, sans artifice touristique.
L’observation de la faune amazônienne, c’est un art. J’ai raté plus de photos que j’en ai réussies. Les animaux ne posent pas, la lumière change constamment, et il faut souvent choisir entre observer et photographier. J’ai appris à privilégier l’observation.
Pour choisir un bon guide naturaliste, quelques critères : passion évidente pour la région, connaissance locale (pas juste théorique), respect de l’environnement, et capacité à s’adapter au niveau du groupe. J’ai eu la chance de tomber sur Carlos, un guide local qui connaissait chaque son de la forêt.
Le respect de l’environnement, ça se manifeste dans les petits gestes : ne rien laisser derrière soi, éviter les produits jetables, choisir des prestataires locaux responsables. J’ai réalisé que mon voyage, aussi respectueux soit-il, avait un impact. Cette prise de conscience fait partie de l’expérience.
Il y a eu ce moment de grâce, le quatrième matin, quand j’ai vu le lever du soleil sur la confluence depuis mon bateau. Pas d’autres touristes, juste moi, le guide, et cette nature immense. Un de ces moments qui vous rappellent votre place dans l’univers et la chance qu’on a de pouvoir vivre ces expériences.
Aspects pratiques – Ce qu’il faut vraiment savoir
Transport : avion vs bateau
J’ai pris l’avion pour l’aller (2h30 depuis Belém) et le bateau pour le retour (8h, mais quelle expérience !).
Avion : Rapide, pratique, mais on rate le paysage. Comptez environ 300-400 reais selon la saison.
Bateau : Plus long, mais on vit vraiment l’Amazonie. Les cabines sont correctes, la nourriture basique mais mangeable. Prix : 80-120 reais selon le confort choisi.
Mon conseil : avion à l’aller si vous avez peu de temps, bateau au retour si vous voulez prolonger l’expérience.
Hébergement testé
J’ai changé d’hôtel pendant mon séjour (oui, j’assume mes erreurs de réservation). Voici mes trois recommandations :
- Budget serré : Pousada do Rio (60 reais/nuit) – Basique mais propre, AC qui marche, wifi correct
- Milieu de gamme : Hotel Santarém (120 reais/nuit) – Confortable, petit-déjeuner inclus, piscine
- Plus de confort : New City Hotel (200 reais/nuit) – Standard international, vue sur fleuve, service impeccable
Restauration sans risque
Mes spots testés et approuvés :
– Restaurante Mascote : Cuisine locale, portions généreuses, prix corrects
– Lucy in the Sky : Ambiance décontractée, plats internationaux adaptés au goût local
– Mercado 2000 : Pour l’authenticité, mais choisir les stands avec beaucoup de rotation
Règle d’or : éviter les plats qui ont l’air d’attendre depuis longtemps, privilégier les endroits fréquentés par les locaux.
Budget réaliste sur 4 jours
Mes dépenses détaillées :
– Transport local : 80 reais (taxi, bus, moto-taxi)
– Hébergement : 320 reais (moyenne 80/nuit)
– Restauration : 200 reais (en variant du marché au restaurant)
– Excursions : 250 reais (confluence + communautés)
– Divers : 100 reais (souvenirs, imprévus)
Total : 950 reais (environ 170€ au taux de change de juin 2025)
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Préparation essentielle
Santé : Vaccination fièvre jaune obligatoire, anti-moustiques efficace (DEET minimum 20%), médicaments de base pour troubles digestifs.

Équipement indispensable :
– Crème solaire indice 50 minimum
– Chapeau ou casquette
– Vêtements longs et légers pour le soir
– Chaussures fermées pour les excursions
– Batterie externe (crucial !)
– Sac étanche pour protéger le matériel électronique
Apps utiles :
– Google Translate avec téléchargement hors ligne du portugais
– Maps.me pour la navigation sans connexion
– WhatsApp (très utilisé localement)
Argent : Privilégier les espèces, les cartes ne passent pas partout. Changer à l’aéroport ou dans les banques du centre-ville. Éviter les bureaux de change de rue.
Mes 3 bourdes à éviter
- Partir sans réservation d’hébergement : En haute saison, ça peut être compliqué
- Sous-estimer la chaleur : J’ai fait ma première excursion en jean… erreur !
- Ne pas négocier les prix : C’est culturel, mais toujours avec respect
Timing optimal : Saison sèche (juin à novembre) pour la visibilité de la confluence. Éviter les weekends brésiliens pour les excursions (plus de monde, prix plus élevés).
Réflexions finales – Au-delà du voyage touristique
Ce voyage à Santarém m’a transformé, je ne vais pas mentir. Pas de façon dramatique, mais il y a eu des prises de conscience. D’abord sur ma relation au voyage : est-ce que je voyage pour moi ou pour alimenter mes réseaux sociaux ? La réponse n’est pas tranchée, mais la question mérite d’être posée.
Ensuite, sur la différence entre tourisme et découverte authentique. Les moments les plus marquants n’étaient pas dans les spots Instagram, mais dans les interactions spontanées, les erreurs qui deviennent des découvertes, les moments où on accepte de ne pas contrôler.
Les rencontres humaines, c’est ce qui reste vraiment. Dona Maria et ses conseils non sollicités, le capitaine João et ses histoires, la famille de pêcheurs qui m’a accueilli sans rien demander en échange. Ces connexions donnent du sens au voyage.
La prise de conscience environnementale aussi. L’Amazonie, ce n’est pas juste un décor pour photos. C’est un écosystème fragile, complexe, essentiel. Mon voyage, aussi respectueux soit-il, a un impact carbone. Cette réalité ne doit pas empêcher de voyager, mais elle doit nous pousser à voyager mieux.
Pour les futurs voyageurs
Durée idéale : 4-5 jours minimum. Moins, c’est frustrant. Plus, ça permet d’approfondir, mais Santarém n’est qu’une étape dans une découverte plus large de l’Amazonie.
Saison optimale : Juin à septembre pour la confluence bien visible et moins de pluie. Octobre-novembre si vous supportez plus d’humidité mais voulez éviter la haute saison.
Préparation mentale : Accepter l’imprévu, ralentir le rythme, s’ouvrir aux rencontres. Santarém n’est pas une destination pour ceux qui veulent tout contrôler.
Engagement responsable : Choisir des prestataires locaux, respecter l’environnement, s’intéresser vraiment aux gens et à leur culture. Le tourisme peut être un outil de développement local s’il est pratiqué avec conscience.
Santarém, finalement, c’est bien plus qu’une confluence de rivières. C’est une confluence d’expériences, de cultures, de questionnements. Un endroit où on vient voir un phénomène naturel et où on repart avec des questions sur soi-même et sa façon de voyager.
Est-ce que je recommande ? Absolument. Est-ce que c’est pour tout le monde ? Probablement pas. Mais si vous cherchez une expérience authentique, loin du tourisme de masse, avec cette magie particulière de l’Amazonie, alors foncez. Juste… pensez à réserver votre hébergement avant !
À propos de l’auteur : Pierre se consacre à partager des expériences de voyage réelles, des conseils pratiques et des perspectives uniques, espérant aider les lecteurs à planifier des voyages plus détendus et agréables. Contenu original, écrire n’est pas facile, si besoin de réimprimer, veuillez noter la source.