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Barreirinhas : Porte d’entrée du désert aquatique

Barreirinhas : Porte d’entrée du désert aquatique

« Vous partez vraiment à Barreirinhas ? » Cette question m’avait été posée trois fois sur Instagram après avoir posté une story depuis l’aéroport de São Luís. Dans le bus qui m’emmenait vers ce qui allait devenir l’une de mes destinations coup de cœur, je dois avouer que j’ai eu un moment de doute. Quatre heures de route pour rejoindre une petite ville dont personne ne semblait vraiment connaître le nom… Est-ce que j’avais vraiment fait le bon choix ?

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L’idée m’était venue en scrollant sur TikTok, comme souvent maintenant. Une vidéo de 30 secondes montrait ces fameuses lagunes turquoise des Lençóis Maranhenses, et boom, l’algorithme avait encore frappé. Mais contrairement à mes habitudes de planification minutieuse, cette fois j’avais décidé de faire confiance à l’imprévu. Direction Barreirinhas, cette ville que tous les guides décrivent comme un simple « point de passage vers les Lençóis ».

Spoiler alert : ils se trompent tous.

Quand le bus s’est arrêté sur cette petite place poussiéreuse, avec ses quelques maisons colorées et ses chiens qui traînent à l’ombre, j’ai eu cette sensation bizarre. Vous savez, ce moment où vous vous demandez si vous n’avez pas fait une énorme erreur de débutant. L’air était lourd, il faisait 35°C à l’ombre, et mon téléphone affichait déjà seulement 23% de batterie. Pas le meilleur début, vous me direz.

Mais parfois, les meilleures découvertes commencent par les pires premières impressions. Et Barreirinhas allait me le prouver de la plus belle des manières.

Barreirinhas : Porte d'entrée du désert aquatique
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Barreirinhas, cette ville qu’on traverse… ou pas

Mon erreur de débutant ? Avoir réservé une seule nuit. Dans ma tête de Parisien pressé, j’imaginais déjà repartir le lendemain matin vers les dunes, faire mes photos Instagram, et hop, direction la prochaine destination. Quelle naïveté !

La première chose qui m’a frappé, c’est le rythme. Ici, personne ne court. Les gens prennent le temps de se saluer, de demander des nouvelles de la famille, de boire leur café tranquillement. Au début, ça m’a agacé – j’avoue – surtout quand j’ai voulu acheter une carte SIM et que le vendeur a pris quinze minutes pour me raconter l’histoire de son cousin qui était parti travailler à São Paulo.

Mais le soir venu, assis au bord du Rio Preguiças avec une Brahma bien fraîche, j’ai commencé à comprendre. Ce fleuve paresseux (oui, c’est littéralement ce que signifie « preguiças ») serpente tranquillement entre les palmiers, et le coucher de soleil y dessine des reflets dorés absolument magiques. C’est là que j’ai eu ma première révélation : Barreirinhas n’est pas juste une étape, c’est une destination à part entière.

Le lendemain matin, quand j’ai voulu prolonger mon séjour, la réceptionniste de ma pousada m’a souri : « Ah, você pegou o ritmo de Barreirinhas ! » (« Ah, vous avez attrapé le rythme de Barreirinhas ! »). Elle avait raison. En trois jours, j’étais passé du stress urbain à cette douce mélancolie tropicale qui vous prend aux tripes.

Attendez, je me trompe sur les coûts… En fait, rester à Barreirinhas plutôt que de faire l’aller-retour depuis São Luís m’a fait économiser près de 40% sur les transports. Une chambre double dans une pousada familiale coûte entre 80 et 120 réais la nuit (contre 200-300 réais dans les hôtels de Santo Amaro do Maranhão). Et surtout, vous évitez cette fatigue horrible des trajets quotidiens de 4h aller-retour.

Barreirinhas : Porte d'entrée du désert aquatique
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Les vrais avantages de poser ses valises ici ? D’abord, vous pouvez partir tôt le matin pour les Lençóis quand la lumière est parfaite et que la chaleur est encore supportable. Ensuite, vous avez le temps de découvrir les petits restaurants locaux – et croyez-moi, la cuisine maranhense vaut le détour. Enfin, vous créez des liens avec les guides locaux, ce qui change complètement la qualité de vos excursions.

S’installer à Barreirinhas : mes galères et mes bons plans

Bon alors, soyons honnêtes sur l’hébergement. La photo de l’hôtel que j’avais réservé sur Booking montrait une chambre spacieuse avec vue sur le fleuve. La réalité ? Une chambre de 8m² avec une fenêtre donnant sur… le mur du voisin. Et le wifi promis « dans toutes les chambres » ne fonctionnait qu’à la réception. Première leçon : les photos peuvent mentir, même au Brésil.

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Heureusement, en me baladant dans les rues (oui, toutes les trois !), je suis tombé sur la Pousada da Dona Maria. Une petite maison familiale tenue par une grand-mère adorable qui m’a immédiatement adopté. 90 réais la nuit, petit-déjeuner inclus avec des tapiocas maison, et surtout cette chaleur humaine qu’on ne trouve pas dans les hôtels de chaîne.

Le quartier du centre, autour de la place principale, c’est pratique pour tout faire à pied, mais c’est aussi là où les groupes de touristes débarquent à 6h du matin. Si vous cherchez le calme, dirigez-vous vers les rues qui longent le fleuve. C’est à peine plus loin, mais l’ambiance est complètement différente.

Le dilemme du wifi

Parlons peu, parlons bien : internet à Barreirinhas, c’est compliqué. J’avais prévu de bosser un peu le soir (eh oui, la vie de digital nomad continue même en vacances), mais la connexion était si instable que j’ai fini par lâcher l’affaire. Pendant que j’écris ces lignes, je vois sur Instagram que la situation s’est améliorée en 2025 avec l’arrivée de la fibre dans certaines pousadas, mais à l’époque de mon passage, c’était galère.

Barreirinhas : Porte d'entrée du désert aquatique
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Mon conseil ? Téléchargez tout ce dont vous avez besoin avant d’arriver : cartes offline (Maps.me est parfait), traducteur hors ligne, et quelques épisodes Netflix si vous êtes du genre à avoir besoin de décompresser le soir. Pour la batterie du portable, investissez dans une grosse power bank – avec la chaleur et l’utilisation intensive de l’appareil photo, vous allez vite vous retrouver à sec.

Côté sécurité, j’ai eu une petite frayeur le deuxième jour. J’avais laissé mon sac avec l’appareil photo sur la terrasse de la pousada pendant que j’allais chercher un café. Quand je suis revenu, plus de sac. Panique totale… jusqu’à ce que Dona Maria m’explique qu’elle l’avait rentré « pour le protéger du soleil ». Les locaux sont adorables, mais ça ne coûte rien d’être prudent.

Pour négocier les prix (parce que oui, tout se négocie au Brésil), j’ai appris une technique en observant les autres voyageurs : demandez toujours s’il y a une « promoção » (promotion) pour plusieurs nuits. Ça marche dans 70% des cas, et vous pouvez facilement grappiller 10-15% sur le prix affiché.

Les Lençóis depuis Barreirinhas : au-delà des photos Instagram

Ma première sortie vers les Lençóis a été un fiasco complet. J’avais choisi le guide le moins cher (erreur de débutant numéro 2), on est partis à 14h par 40°C à l’ombre, et le type ne parlait que portugais. Résultat : trois heures à marcher dans le sable brûlant, des lagunes à moitié vides parce qu’on était en fin de saison sèche, et moi qui râlais intérieurement en me demandant ce que je foutais là.

La révélation est venue le lendemain.

Barreirinhas : Porte d'entrée du désert aquatique
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Cette fois, j’avais choisi Seu João, un guide recommandé par Dona Maria. Départ à 6h30, température encore supportable, et surtout ce type connaissait son affaire. Il m’a emmené sur des lagunes que je n’avais vues sur aucun blog de voyage, des endroits où nous étions complètement seuls. Le silence du désert, juste brisé par le bruit de mes pas dans le sable et le clapotis de l’eau turquoise… Ce moment-là, impossible de le décrire avec des mots.

Comparaison des circuits ? Le circuit classique « Lagoa Bonita – Lagoa Azul » coûte entre 80 et 120 réais par personne selon la saison. C’est beau, mais bondé. Le circuit « aventure » avec Seu João (180 réais) vous emmène sur des lagunes secrètes, mais attention, il faut être en forme physiquement. J’ai sous-estimé la difficulté… Après deux heures de marche dans le sable, mes mollets criaient grâce.

Ce coucher de soleil depuis la dune la plus haute… Franchement, tous les clichés d’Instagram ne rendent pas justice à ce spectacle. Les couleurs changent toutes les minutes, du doré au rouge orangé, puis au violet. J’ai pris 200 photos et aucune ne capture vraiment cette magie.

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Mais bon, soyons réalistes : il y a aussi les galères qu’on ne vous raconte jamais. La soif constante (emportez 3 litres d’eau minimum), le sable qui s’infiltre partout (et je dis bien partout), les courbatures du lendemain qui vous rappellent que vous n’êtes plus un jeune premier. Et puis cette frustration de ne pas pouvoir rester plus longtemps parce que les groupes suivants arrivent déjà.

Non, finalement ce n’était pas le meilleur moment pour y aller… La saison idéale, c’est entre mai et septembre quand les lagunes sont pleines. Moi j’étais en octobre, et certaines étaient déjà à sec. Mais même comme ça, le spectacle reste à couper le souffle.

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Barreirinhas by night : quand le désert s’endort

Les soirées à Barreirinhas ont quelque chose de magique qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Quand le soleil disparaît derrière les palmiers, la ville se transforme complètement. Les terrasses des restaurants s’animent, les enfants jouent sur la place, et cette brise fraîche qui remonte du fleuve apporte enfin un peu de répit.

Ces soirées où l’on se retrouve seul avec ses pensées… Je ne sais pas trop comment expliquer cette sensation, mais il y a quelque chose d’apaisant dans cette simplicité. Pas de klaxons, pas de stress, juste le bruit des conversations qui s’échappent des maisons et parfois une guitare qui résonne depuis un bar.

L’absence totale de pollution lumineuse m’a permis de redécouvrir les étoiles. Un soir, j’ai tenté quelques photos astro avec mon appareil, et le résultat était bluffant. La Voie lactée apparaissait comme je ne l’avais jamais vue, même dans les Alpes. C’est fou comme on oublie vite à quel point le ciel peut être beau quand on vit en ville.

Les rencontres dans les bars locaux… Un soir, au Bar do Pescador, j’ai passé trois heures à discuter avec un groupe de pêcheurs qui rentraient de leur journée sur le fleuve. Ils m’ont raconté comment Barreirinhas avait changé avec l’arrivée du tourisme, leurs inquiétudes pour l’environnement, mais aussi leur fierté de voir leur région reconnue dans le monde entier.

Un ami vient de me demander par WhatsApp si Barreirinhas était « mort le soir ». Alors non, ce n’est pas Copacabana, mais il y a cette vie tranquille, authentique, qui vous réconcilie avec l’essentiel. Et parfois, c’est exactement ce dont on a besoin.

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Les à-côtés de Barreirinhas qu’on rate toujours

L’excursion « recommandée » au Farol Preguiças a été ma plus grosse déception. 150 réais pour voir un phare pas terrible et manger un poisson grillé hors de prix sur une plage bondée. J’aurais mieux fait d’écouter Seu João qui m’avait prévenu que c’était un « piège à touristes ».

En revanche, cette balade improvisée en pirogue sur le Rio Preguiças restera gravée dans ma mémoire. Dona Maria m’avait présenté à son neveu, pêcheur de profession, qui m’a proposé de l’accompagner un matin. Trois heures sur l’eau, à observer les oiseaux, à comprendre l’écosystème de la région… Une expérience mille fois plus riche que n’importe quelle excursion organisée.

Les communautés de pêcheurs le long du fleuve m’ont particulièrement marqué. Ces familles qui vivent encore de façon traditionnelle, avec cette générosité et cette simplicité qui font chaud au cœur. Mais attention, il faut y aller avec respect et humilité. J’ai vu trop de touristes débarquer avec leurs appareils photo comme dans un zoo humain.

Mes erreurs de touriste conscient

J’avoue, j’ai d’abord eu cette approche un peu naïve du « tourisme responsable ». Refuser les sacs plastiques, apporter ma gourde réutilisable, choisir les restaurants locaux plutôt que les chaînes… Tout ça c’est bien, mais j’ai vite compris que la vraie responsabilité, c’est d’abord de comprendre les enjeux locaux.

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Les guides m’ont expliqué que le sur-tourisme pendant la haute saison pose de vrais problèmes : érosion des dunes, pollution des lagunes, pression sur les ressources en eau. Du coup, voyager en basse saison (comme moi, finalement) c’est aussi un geste pour l’environnement, même si les lagunes sont moins spectaculaires.

Barreirinhas : Porte d'entrée du désert aquatique
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Ce qui compte vraiment ? Choisir des guides locaux plutôt que les agences de São Luís, manger dans les petits restaurants familiaux, acheter ses souvenirs directement auprès des artisans. Ces gestes simples ont un impact économique direct sur la communauté.

Partir de Barreirinhas : cette mélancolie du voyageur

Ce matin du départ, tout semblait différent. Les mêmes rues, la même place poussiéreuse, mais avec cette nostalgie qui vous serre le cœur. J’avais prévu de repartir content d’avoir « fait » Barreirinhas, et voilà que je me retrouvais avec cette envie de rester encore quelques jours.

Les regrets ? Ne pas avoir pris le temps de vraiment apprendre le portugais avant de partir. Ces conversations avortées avec les locaux, ces plaisanteries que je n’ai qu’à moitié comprises… Si j’avais su, j’aurais téléchargé Duolingo six mois avant le voyage.

Cette frustration aussi de ne pas avoir tout exploré. Les communautés quilombolas que Seu João m’avait proposé de visiter, cette randonnée de trois jours vers les dunes les plus reculées, cette initiation à la pêche traditionnelle… Il faudrait un mois pour vraiment faire le tour de la région.

Mais c’est peut-être ça, la magie de Barreirinhas. Cette petite ville qui ne paie pas de mine vous donne envie de revenir, de creuser plus profond, de prendre le temps. Dans un monde où on consomme les destinations comme des produits jetables, c’est précieux.

Barreirinhas : Porte d'entrée du désert aquatique
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Mon conseil pour le prochain voyageur ? Prévoyez au minimum quatre jours, et si possible une semaine. Laissez-vous porter par le rythme local, acceptez les imprévus, et surtout, ne vous contentez pas des excursions classiques. Les vraies découvertes se font souvent hors des sentiers battus.

Voilà ce que j’aurais aimé savoir avant de partir : Barreirinhas n’est pas juste la porte d’entrée des Lençóis Maranhenses, c’est une destination qui mérite qu’on s’y attarde. Une parenthèse de douceur dans ce monde qui va trop vite.

Et vous, qu’est-ce qui vous attire dans ce désert aquatique ? L’aventure des dunes infinies ou cette promesse de simplicité retrouvée ?


Cet article reflète mon expérience personnelle à Barreirinhas en 2025/4. Les prix et conditions peuvent évoluer, n’hésitez pas à vérifier les informations avant votre départ.

À propos de l’auteur : Pierre se consacre à partager des expériences de voyage réelles, des conseils pratiques et des perspectives uniques, espérant aider les lecteurs à planifier des voyages plus détendus et agréables. Contenu original, écrire n’est pas facile, si besoin de réimprimer, veuillez noter la source.

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